jeudi 27 janvier 2011

Semaine trois

Semaine trois
Que de choses nous avons appris au cours de ces deux semaines de formation, vous partagez tout est impossible mais, voici quelques fragments glanés ici et là.
Go’o : J’ai appris le fulfuldé, langue la plus parlée dans l’Extrême Nord du pays. 
Go’o leçon : Les salutations.  Le premier dit «jamna» et le second «jam».  Des confitures en anglais
Selon notre professeur, au 19ième siècle, le peuple fulbé a conquis la région de l’Extrême Nord et 80 % du peuple fût «fulanisé» faisant d’eux des musulmans parlant le fulfuldé.
Didi : Très pratique, une session sur l’argent :
Les pièces de 5 et 10 Fr CFA sont refusées par tous, même les enfants.  N’essayez pas de les passer, on les refusera. 
Pour les gens des villages, les pièces de monnaie devenues lisses au toucher ont perdu de leur «magie».  Vaut mieux être vigilant et les refuser car vous ne pourrez les réutiliser sinon qu’en les mélangeant avec d’autres pièces de monnaie.  Une règle est claire, on ne les refile surtout pas à un ami ou amie.
Les billets déchirés ne sont repris nulle part, même la banque les refuse.  Il faut être vigilant et demander d’autres billets. Dans l’Extrême Nord, ceux-ci prennent la couleur jaunâtre du sable.
Tati : Des statistiques.
PIB au Cameroun : 1 150 $ 
PIB au Canada : 41 730 $
33 % de la population vivent sous le seuil de la pauvreté.  Certains croient qu’il en est davantage en raison de la corruption.
Le Cameroun occupe le 153 ième rang au niveau du développement.  Le Canada occupe le 4ième rang. Les éléments utilisés pour établir ce classement sont : éducation, pouvoir d’achat et espérance de vie.
L’espérance de vie est de 51 ans. Plusieurs d’entre nous seraient déjà morts.
Le taux de décès pour les enfants de moins de 5 ans est de 131/1000 occupant ainsi la 19ième position.  Au Canada, il est de 6/1000 pour une 158ième position.
Le taux de contamination au VIH est de 5,1 % mais certaines statistiques l’augmentent à 9-10%. Le dépistage est difficile auprès des hommes.
Nous retrouvons 246 ethnies au Cameroun.
Nay : Nous avons eu une session sur la santé.  Une infirmière Camerounaise présentement à la retraite qui a jadis pratiqué au Canada. 
Résumé au temps simple car ici, simple est le temps : je ne veux pas attraper la malaria.
Jowy : Une balade au marché populaire où nous devions trouver certains aliments. Nous disposions de 5000 Fr CFA incluant le retour en taxi.  Nous étions cinq. 
Ici, le tarif en taxi est toujours le même, 200 Fr CFA si tu voyages à l’intérieur de la ville.   Il n’existe aucun transport en commun.  Tous utilisent le taxi pour se déplacer d’un point à l’autre. Le soir, les tarifs augmentent. On peut choisir de se faire déposer sans que le taxi arrête pour faire monter quelqu’un d’autre, le tarif sera alors de 1500 Fr CFA.
Au marché, la foule est impressionnante.  On y vend de tout.  Sur le sol, des couvertures étendues sur lesquelles sont étalés les différents articles offerts tels chaussures, blousons, tissus, lunettes, bas, etc.
Ici et là, des caissons de bois en rangée contenant le riz, les fèves, le maïs, les arachides, le manioc et tous les féculents disponibles dans la région.
Entre ces marchands installés de chaque côté des différentes rues, les voitures passent, s’entrecroisent, se frôlent, s’évitent et se klaxonnent dans un tintamarre effarant.  Je marche et puis, à mes pieds, un homme se traine par terre avec deux sandales aux mains et deux pièces de caoutchouc noir aux genoux.  Ses jambes frêles peu développées le suivent, croisées derrière ses fesses.
Vivre au ras le sol rend poussiéreux et voir vivre comme tel au ras le sol remue, secoue,  ébranle. J’ai revu cette scène à maintes reprises.  Un homme plus âgé m’a permis de conclure que sa vie entière s’était résumée à ramper et mendier. Difficile.  Espérant que la description de cette image que je rencontre ici et là suffise pour vous remuer, secouer, ébranler.
Go’o, titi, tadi, nay, jowy.  Numérotation utilisée pour vous apprendre à compter jusqu’à cinq en fulfulbé.
À la semaine prochaine.

mardi 18 janvier 2011

Semaine deux

Semaine deux
Ne désespérez pas…Les photos viendront.
À chaque tentative, la connexion Internet m’abandonne. Je continue d’essayer. Incha’Allah.
Maintenant, pour ce blogue, mes observations au temps simple parce qu’ici, simple est le temps.
J’ai choisi de vous décrire ce qui me charme, me fascine et me séduit espérant ainsi vous charmer, vous fasciner et vous séduire.
Prémisses nécessaires à la lecture de ce blogue : Monter le chauffage au maximum. Vous devez avoir chaud et transpirer un tout petit peu.  Ensuite, imagez et imaginez.
Vous savez, il importe d’harmoniser ces trois éléments, ils serviront à accroître votre appréciation de la présente lecture et aurez ainsi le goût de me lire et relire, semaine après semaine.
Bonne lecture.
Sur le chemin du retour, à la fin de ma journée de formation, j’ai suivi une jeune fille dans la vingtaine transportant sur sa tête un énorme sac, un format semblable à nos sacs d’épicerie réutilisables.
 Je l’ai volontairement suivi tellement j’étais impressionnée par sa charge. Elle marchait à un rythme régulier, d’un pas résolu, inébranlable et, à la fois splendide.  Elle n’a jamais ralenti. Plus encore, elle ne m’a jamais ralenti.
Grâce et beauté la définissait.  En aucun temps elle a été déstabilisée par sa charge et je n’ai jamais pensé que son sac se retrouverait par terre. Dos droit, tête haute, bras de chaque côté du corps, seules ses jambes bougeaient et étaient accompagnées d'un léger déhanchement à un rythme moderato peut-être.
Sincèrement, je crois que c’est en épiant les femmes Africaines qu’Antidote a défini le mot «grâce» comme suit : Charme, attrait. Une grâce naturelle. Marcher avec grâce. Des paroles pleines de grâce. Avoir de la grâce.
Sur le même chemin, je croise un jeune adolescent qui lui, avait une charge de seaux vides à vendre en parfait équilibre sur sa tête.  Poids bien relatif peut-être mais un volume incroyable.  Tout en hauteur et en largeur. Je me suis même arrêtée pour l’admirer. Il souriait. 
Imaginez maintenant son visage encadré par les seaux aux multiples couleurs!  Et son sourire! Dents parfaitement blanches sur fond noir.  C'était beau.
Deux exemples parmi tant d’autres. Si vous saviez tout ce qu’on transporte en équilibre sur la tête. Impressionnant.   
Et pendant ce temps, c’est dans ma tête et non sur ma tête que je transporte tous ces petits moments qui font mes journées.  
Ce jour là, j’ai été charmée, fascinée, séduite.
Sur la rue, des vendeurs d’oranges et d’ananas transportant leur cargaison dans des brouettes.
La première vend des oranges qu’elle pèle avec une habileté qui émerveille.  Un seul morceau de pelure de même largeur et de même épaisseur.   Une fois cette première opération terminée, elle coupera en quatre la chaire de votre orange qu’elle dégarnira de ses noyaux d’un seul coup de couteau pour chaque quartier.
Le deuxième vend des ananas.  Épluchée si vous le désirez.  De la base à la queue, votre ananas sera pelé sans qu’aucune chaire ne soit gaspillée.  La peau se retrouvera en lamelle fine de même largeur et de même épaisseur.  Je vous le dis, dans sa brouette se trouvait une quantité incroyable de lisières de pelure d’ananas qui avaient tous le même format.  Le tout se passe sous votre nez, sans table de travail et pour seuls outils, une fourchette et un couteau. Jamais il n’a touché la chaire de ses doigts.  
À ces descriptions très techniques, il y a le mouvement régulier, tous deux ont été de véritables métronomes.  Ici, le rythme se lit partout.
Ce soir là, j’ai été charmée, fascinée, séduite.
Maintenant, baissez le chauffage…Vous ne devez plus avoir chaud et transpirer un tout petit peu, mais vous devez continuer d’imagez et imaginez…
Visite à l’Immigration pour ma carte d’identité. Photo, prises d’empreintes et mesure de la taille.
J’ai malencontreusement tourné le dos à une employée.  Les réactions furent vives et immédiates. 
On ne te sourit pas, on ne te parle pas, on te regarde à peine et tu dois tout comprendre en observant la gestuelle que tu dois saisir ipso facto.  
Ainsi, j’ai compris que : c’était à mon tour de me faire poser, je devais enlever mon bandeau, je ne devais pas bouger, je pouvais sourire, que c’était terminé et que je pouvais me lever pour me rasseoir devant un autre employé.
Je devais ensuite : signer mes documents, attendre à nouveau, donner mon dossier à un autre employé, confier chacun de mes doigts aux mains de ce dernier pour la prise d’empreintes, frotter mes mains vis-à-vis un plat pendant que l’on versait une eau savonneuse, rincer mes mains avec une autre eau versée par le même employé, me secouer les mains, me faire mesurer et sortir de la pièce. 
Tout cela, sans qu’un mot ne me soit adressé. Que des sourcils qui se soulèvent ou se froncent, des yeux qui se déplacent subtilement, des doigts et des têtes qui indiquent discrètement et des soupirs d’exaspération qui permettent, en finale, la maîtrise accélérée du langage non verbal établi par les fonctionnaires de l’état.
J’ai écouté au doigt et à l’œil, au sourcil et au soupir. Oui, j’ai fait ça.  Que mon papa et ma maman ne désespèrent pas.
Ce jour-là, je n’ai pas été charmée, fascinée, séduite.
Dernier sujet.  Trop de notes dans mon calepin.
Incroyable le nombre de passagers qui peuvent monter dans un taxi.  Un chauffeur a été vu sur les genoux d’un client conduisant tout de même sa voiture…Je vous assure, ils ont de l’imagination à revendre. 
Pour ce qui est de l’état des voitures, on croise les doigts en espérant que rien ne lâche dans les virages ou dans les carrefours.
Malgré tout, mes expériences en taxi ont toujours été sympathiques. Je cause, bavarde, jase, interroge, questionne et aime ces entretiens qui se terminent avec une meilleure connaissance des lieux.  Incroyable, ces résidents ont tellement à dire de leur pays.  Ils sont des guides touristiques non négligeables. L’un d’eux m’a remercié encore et encore de mon implication tout en me répétant : « Yagoua, tu auras chaud tu sais…».
J’ai déjà chaud ! Pour cette raison, j’ai changé d’idée, pouvez-vous monter le chauffage à nouveau ? Histoire de m’accompagner jusqu’à la fin. 
Bonne semaine à vous tous.
Alyne XXXX
P.S. Je n’ai pas revu mon lézard.  De deux choses l’une, il n’a pas aimé que je parle de lui sans son autorisation ou encore, il a tout compris, il se fait discret et efficace tout en respectant son territoire. Je l’ai nommé Oscar le lézard.

jeudi 13 janvier 2011

Semaine numéro 1

Semaine numéro 1
Imaginez pouvoir prendre contact avec un pays, une culture, un peuple, des vies différentes, des gens différents et décider d’en jouir pleinement. Voilà ce que je compte faire au cours de la prochaine année.  C’est déjà commencé.
7 janvier 2011, arrivée à Yaoundé, capitale du Cameroun. Ce n’est que le lendemain que je sillonnerai les rues de la ville avec d’autres coopérants.
La chambre de l’hôtel est parfaite.  Un lit, des draps blancs, des oreillers difformes, quelques coquerelles que j’aie abattues au passage, un accès internet qui ne fonctionne pas, un air conditionné qui pousse de l’air tiède et une douche installée sur le mur de la salle de toilette sans aucune séparation d’avec le reste de la pièce, pour vous dire, les soirs de douche un peu longue, l’eau se rend jusque sous mon lit, mais, vous savez, je trouve que ma chambre a un cachet, j’y dors paisiblement.
Le lendemain : conquête de la ville capitale de mon pays hôte.  Je chausse mes espadrilles «neuves». 
Verdure, collines, architecture, décorations pour le 50e anniversaire de l’Indépendance du pays et pour la période des fêtes, manguiers trop bien garnis et, le sourire des Camerounais qui permet le prolongement de la randonnée.
On nous souhaite la Bonne année d’une poignée de main franche et chaleureuse. Tout s’imprime dans ma tête, je ne veux pas me perdre et les rues sont identifiées par une série de chiffres difficile à retenir. J’observe le quotidien des gens, un rappel de mon séjour au Sénégal.  
Au retour. Cinq ampoules aux pieds. Mes espadrilles «neuves»… Très mauvaise idée.
Formation oblige, nous restons dix jours à Yaoundé.  Le jour numéro trois fût assez chargé.  Les différents aspects de la culture de l’Extrême Nord liés au VIH-SIDA ont meublé l’avant-midi. Une réalité servie dans un mode télégraphique concentré qui demeure indigeste.  Sans euphémisme ou sophisme, âpre réalité sur laquelle la coopération sera de longue haleine, y croire est impératif.
Ce même jour, en après-midi, nous avons abordé l’aspect sécurité.  Je vous ferai grâce de quelque résumé que ce soit, ma maman et mon papa doivent éventuellement lire mon blogue alors…Soyons calmes.  Un seul mot : vigilance. Pour vous rassurer, rappelez vous que je côtoie les automobilistes de la ville de Québec depuis deux ans, à lui seul, cet élément devrait vous convaince de ma vigilance malgré les souvenirs d'un accident en novembre 2008. 
Toujours ce même jour, visiteur nocturne, un jeune lézard court sur mon mur de chambre et se cache dans le système d’air conditionné.  Dans les faits, nous voulons tous connaître un lézard qui éliminera tout insecte qui aurait élu domicile dans notre chambre.  Une seule chose, nous le voulons discret et efficace. Sa vue sur un mur extérieur peut charmer, mais à l’opposé, le voir sur le mru de ma chambre a transformé en terreau fertile mon imagination.  Si seulement je pouvais lui expliquer mes limites territoriales. Pour lui : tous les murs de la chambre ainsi que le plafond et pour moi : le lit et le plancher.
Enfin, pour tous, certaines frontières sont à éviter, cet après-midi, j’ai compris que je n’irai pas aux frontières du Chad.  
Côté nourriture, j’aime tout, plus encore : le plantain, variété de bananiers des régions tropicales, qui est consommé frit, et le manioc, arbrisseau tropical dont on extrait du tubercule le tapioca, on le cuit, le pile, le roulons en boudin pour ensuite le ficeler à l’intérieur d’une feuille pour le servir chaud, délicieux.
J’ai un cellulaire.  J’ai appelé ma maman et mon papa et inversement. Ici, en Afrique, même si je paie mes minutes à la carte, mes appels entrants sont illimités, peu importe leur provenance. J’aime le principe.
Comment vous écrire 52 fois sans que vous perdiez intérêt.
Un engagement : vous épargner. 
Je ne vous écrirai pas de sottises, les semaines moins garnies seront plus brèves, mais j’essaierai de respecter la numérotation débutée : semaine un, deux, trois, etc.

jeudi 6 janvier 2011

Me voilà

Me voilà (1)
À la veille de mon arrivée à Yaoundé prévue le 7 janvier 2011.  Yaoundé étant la capitale du Cameroun.
Comment, pourquoi, pour qui, pour quelle raison, en quel honneur…
Je serai coopérante pour SUCO-VSO.  Je travaillerai avec le CODASC (Comité Diocésain pour les activités socio-caritatives).  Yagoua sera ma ville adoptive, située dans l’Extrême Nord, plus précisément dans le bec du canard, et ce, en référence à la forme du territoire du pays.
Je travaillerai sur un projet en santé communautaire lié à la lutte au VIH-SIDA.
Un blogue pour vous raconter, un blogue pour que vous sachiez, un blogue pour que vous commentiez.  Un blogue que je souhaite entretenir une fois par semaine. Et puisque je vais en terre musulmane j’ajoute Incha'Allah.
Incha'Allah est une transcription francophone de la phrase arabe إن شاء الله (In cha ' Allāh) qui signifie « si Allah le veut ». Elle est utilisée par les musulmans pour marquer en général le désir de voir se réaliser un événement dans le futur.

Moi qui ai complété ma demande d’apostasie…Allez comprendre…

Dites-moi, me suivrez-vous jusqu'au bout?

Me voilà (2)
À tenter de trouver un titre à mon blogue.  J'ai tout imaginé avant ce matin, au plus simple maintenant, parce que je pars cet après-midi et que je suis un peu excitée, une excitation nouvelle, mes bonjours sont faits et parce que le tout s'est merveilleusement bien déroulé, je file simplement...Mon prénom et le nom de ma destination :  alyneayagoua.  Dites-le vite, c'est amusant.
Un peu plus pragmatique.
Débordante valise au poids incertain meuble ma chambre. Je n’ai cessé de la peser et de peser à nouveau, espérant ainsi en réduire la taille et le poids. Qu’à cela ne tienne, je partirai quand même aujourd'hui avec une valise et un sac au poids limite de 23 kg chacun.

Hâte de vous lire

Alyneayagoua