Semaine deux
Ne désespérez pas…Les photos viendront.
À chaque tentative, la connexion Internet m’abandonne. Je continue d’essayer. Incha’Allah.
Maintenant, pour ce blogue, mes observations au temps simple parce qu’ici, simple est le temps.
J’ai choisi de vous décrire ce qui me charme, me fascine et me séduit espérant ainsi vous charmer, vous fasciner et vous séduire.
Prémisses nécessaires à la lecture de ce blogue : Monter le chauffage au maximum. Vous devez avoir chaud et transpirer un tout petit peu. Ensuite, imagez et imaginez.
Vous savez, il importe d’harmoniser ces trois éléments, ils serviront à accroître votre appréciation de la présente lecture et aurez ainsi le goût de me lire et relire, semaine après semaine.
Bonne lecture.
Sur le chemin du retour, à la fin de ma journée de formation, j’ai suivi une jeune fille dans la vingtaine transportant sur sa tête un énorme sac, un format semblable à nos sacs d’épicerie réutilisables.
Je l’ai volontairement suivi tellement j’étais impressionnée par sa charge. Elle marchait à un rythme régulier, d’un pas résolu, inébranlable et, à la fois splendide. Elle n’a jamais ralenti. Plus encore, elle ne m’a jamais ralenti.
Grâce et beauté la définissait. En aucun temps elle a été déstabilisée par sa charge et je n’ai jamais pensé que son sac se retrouverait par terre. Dos droit, tête haute, bras de chaque côté du corps, seules ses jambes bougeaient et étaient accompagnées d'un léger déhanchement à un rythme moderato peut-être.
Sincèrement, je crois que c’est en épiant les femmes Africaines qu’Antidote a défini le mot «grâce» comme suit : Charme, attrait. Une grâce naturelle. Marcher avec grâce. Des paroles pleines de grâce. Avoir de la grâce.
Sur le même chemin, je croise un jeune adolescent qui lui, avait une charge de seaux vides à vendre en parfait équilibre sur sa tête. Poids bien relatif peut-être mais un volume incroyable. Tout en hauteur et en largeur. Je me suis même arrêtée pour l’admirer. Il souriait.
Imaginez maintenant son visage encadré par les seaux aux multiples couleurs! Et son sourire! Dents parfaitement blanches sur fond noir. C'était beau.
Deux exemples parmi tant d’autres. Si vous saviez tout ce qu’on transporte en équilibre sur la tête. Impressionnant.
Et pendant ce temps, c’est dans ma tête et non sur ma tête que je transporte tous ces petits moments qui font mes journées.
Ce jour là, j’ai été charmée, fascinée, séduite.
Sur la rue, des vendeurs d’oranges et d’ananas transportant leur cargaison dans des brouettes.
La première vend des oranges qu’elle pèle avec une habileté qui émerveille. Un seul morceau de pelure de même largeur et de même épaisseur. Une fois cette première opération terminée, elle coupera en quatre la chaire de votre orange qu’elle dégarnira de ses noyaux d’un seul coup de couteau pour chaque quartier.
Le deuxième vend des ananas. Épluchée si vous le désirez. De la base à la queue, votre ananas sera pelé sans qu’aucune chaire ne soit gaspillée. La peau se retrouvera en lamelle fine de même largeur et de même épaisseur. Je vous le dis, dans sa brouette se trouvait une quantité incroyable de lisières de pelure d’ananas qui avaient tous le même format. Le tout se passe sous votre nez, sans table de travail et pour seuls outils, une fourchette et un couteau. Jamais il n’a touché la chaire de ses doigts.
À ces descriptions très techniques, il y a le mouvement régulier, tous deux ont été de véritables métronomes. Ici, le rythme se lit partout.
Ce soir là, j’ai été charmée, fascinée, séduite.
Maintenant, baissez le chauffage…Vous ne devez plus avoir chaud et transpirer un tout petit peu, mais vous devez continuer d’imagez et imaginez…
Visite à l’Immigration pour ma carte d’identité. Photo, prises d’empreintes et mesure de la taille.
J’ai malencontreusement tourné le dos à une employée. Les réactions furent vives et immédiates.
On ne te sourit pas, on ne te parle pas, on te regarde à peine et tu dois tout comprendre en observant la gestuelle que tu dois saisir ipso facto.
Ainsi, j’ai compris que : c’était à mon tour de me faire poser, je devais enlever mon bandeau, je ne devais pas bouger, je pouvais sourire, que c’était terminé et que je pouvais me lever pour me rasseoir devant un autre employé.
Je devais ensuite : signer mes documents, attendre à nouveau, donner mon dossier à un autre employé, confier chacun de mes doigts aux mains de ce dernier pour la prise d’empreintes, frotter mes mains vis-à-vis un plat pendant que l’on versait une eau savonneuse, rincer mes mains avec une autre eau versée par le même employé, me secouer les mains, me faire mesurer et sortir de la pièce.
Tout cela, sans qu’un mot ne me soit adressé. Que des sourcils qui se soulèvent ou se froncent, des yeux qui se déplacent subtilement, des doigts et des têtes qui indiquent discrètement et des soupirs d’exaspération qui permettent, en finale, la maîtrise accélérée du langage non verbal établi par les fonctionnaires de l’état.
J’ai écouté au doigt et à l’œil, au sourcil et au soupir. Oui, j’ai fait ça. Que mon papa et ma maman ne désespèrent pas.
Ce jour-là, je n’ai pas été charmée, fascinée, séduite.
Dernier sujet. Trop de notes dans mon calepin.
Incroyable le nombre de passagers qui peuvent monter dans un taxi. Un chauffeur a été vu sur les genoux d’un client conduisant tout de même sa voiture…Je vous assure, ils ont de l’imagination à revendre.
Pour ce qui est de l’état des voitures, on croise les doigts en espérant que rien ne lâche dans les virages ou dans les carrefours.
Malgré tout, mes expériences en taxi ont toujours été sympathiques. Je cause, bavarde, jase, interroge, questionne et aime ces entretiens qui se terminent avec une meilleure connaissance des lieux. Incroyable, ces résidents ont tellement à dire de leur pays. Ils sont des guides touristiques non négligeables. L’un d’eux m’a remercié encore et encore de mon implication tout en me répétant : « Yagoua, tu auras chaud tu sais…».
J’ai déjà chaud ! Pour cette raison, j’ai changé d’idée, pouvez-vous monter le chauffage à nouveau ? Histoire de m’accompagner jusqu’à la fin.
Bonne semaine à vous tous.
Alyne XXXX
P.S. Je n’ai pas revu mon lézard. De deux choses l’une, il n’a pas aimé que je parle de lui sans son autorisation ou encore, il a tout compris, il se fait discret et efficace tout en respectant son territoire. Je l’ai nommé Oscar le lézard.
Il est 7 heures, je me prépare pour partir à pied au bureau. Je veux te dire que tu m'as bien fait rire avec ton lézard. Je te voyais de proposer à ton lézard de s'assoir sur une chaise et négocier les territoires.
RépondreSupprimerJ'ai bien vu tes femmes se promener avec leurs provisions sur la tête. Vas-tu apprendre la technique? Pourquoi les gens prennent le même taxi? par économie?
Je te suis et te suivrai jusqu'à ton retour.
Jocelyne
Salut Alyne!
RépondreSupprimerIci, la maison a atteint son maximum côté chauffage. Il fait froid dehors, et cru dedans. Le seul endroit où je peux suer un peu, c'est dans un bain bouillant! Merci pour toutes les belles images bien détaillées! J'ai tout vu! Je t'imagine bien dans ta petite chambre minimaliste, dans les rues colorées et dans les bureaux de l'immigration... qu'est-ce que tu apprends dans cette formation? Tu manges quoi? T'es-tu fait des amis? J'ai hâte à la semaine prochaine!
Gros becs,
Catherine
Ma belle Alyne. C'est beau et bon de te lire, tu as une plume extraordinaire pour nous raconter ta nouvelle vie. Est-ce que tu as commencé à avoir des cauchemars...j'espère en tout cas qu'Oscar poursuivra sur sa lancée et te laissera toute la place.
RépondreSupprimerGros bisous et à plus...
Lucie
Encore un plaisir renouvelé de te lire cette semaine!! Merci pour les belles images! :)
RépondreSupprimerJen xxx
Ouin les fonctionnaires au Cameroun ne sont pas aussi sympatiques que nous autres!!! Hahaha
RépondreSupprimerSi jamais tu as besoin de quelque chose, fais-le moi savoir, je me débrouillerai bien pour te le faire parvenir.
Ta tienne xx
Alyne, sois pas inquiète si Sylvie D. n'a pas encore fait un commentaire, j'essaie de lui montrer comment le publier... ;)))
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