lundi 23 mai 2011

SEMAINE 20 - Le souffle de ma maman

Le souffle de ma maman

Ma maman me racontait qu’enfant, lorsque je voyais un bébé à la télévision, je courrais la chercher pour qu’elle puisse enlever la vitre…Je voulais saisir l’enfant, le prendre, le bercer, le cajoler, en faire ma poupée.

Et si ces enfants étaient de couleur noire, je rêvais d’aller les retrouver.
Vous voyez que mon aventure remonte à très très très loin !

Tous, nous conservons précieusement ces mots d’enfant, ces souvenirs ou ces anecdotes provenant de notre progéniture ou des récits transmis par nos parents qui aiment raconter à satiété ce que nous leur avons laissé comme traces mnésiques.

Nostalgie et gaieté se rythment au bonheur éprouvé à entendre et réentendre la même histoire, relatée avec les mêmes mots, les mêmes termes et les mêmes détails.

Je puis parfois deviner les mots de mon père. Il est un excellent raconteur.

Et ces histoires, on ne s’en lasse point. Ils font partie de nos rencontres familiales.
D’ailleurs, je crois que c’est pour cette raison que ces rencontres existent, pour qu’on n’oublie rien de ce passé qui nous unit et pour que la génération future en connaisse son contenu.

Une transmission orale forte généreuse entretenue par nos rencontres ponctuelles qui contribue à la survie des liens familiaux contraints aux turbulences de nos vies.

Mais où vais-je avec ce blogue qui ne vous dit rien sinon que le résultat de mes méditations nocturnes. Il est présentement 02 h00 du matin.
Les étoiles envahissent le ciel. Le vent est bon et malgré lui, la chaleur m’accable. Le drap sur lequel j’ai dormi jusqu’ici est trempé et mon matelas porte des traces de sueur que je laisserai à mon départ.

Actuellement, je suis coopérante en Afrique. Je suis avec ces enfants de couleur noire que je rêvais d’aller retrouver dans mon enfance. Je regarde tous ceux qui ont une quarantaine d’années et j’imagine les avoir peut-être déjà vus derrière la vitre du téléviseur.

Bernard Weber mentionne dans «La révolution des fourmis» que le battement d'une aile de papillon à Honolulu suffit à causer un typhon en Californie.

Il nous interroge comme suit : or, vous possédez un souffle plus important que celui provoqué par le battement d'une aile de papillon, n'est-ce pas?

Battement d’ailes de papillon ou simple souffle, multiples éléments contrôlés ou négligés ont permis mon aventure.

Plusieurs d’entre vous m’ont demandé d’écrire sur ce que je fais exactement. J’y suis, mais avant, cette prémisse était nécessaire.
Ce que je fais : de la coopération.

Coopération : Action de coopérer. Agir de concert avec.

Les objectifs du projet signé avant mon départ en vous épargnant les détails administratifs et en conservant les verbes qui introduisent mes actions : Appuyer, renforcer, dynamiser, développer, aider, augmenter.

Leurs compléments d’objet direct ou indirect : capacités du personnel, les stratégies efficaces, stratégies de mobilisation des ressources financières internes, objectifs, gestion, etc.

Le mariage de ces verbes et compléments vous décrit ce qui a motivé ma décision. Un projet que j’acceptais avec enchantement et empressement. Bien humblement, je me voyais dans l’action. J’avais hâte.

Je suis ici depuis le mois de janvier 2011.

Janvier : Module de formation avec VSO Angleterre. Cuso m’a recruté pour m’offrir un contrat avec son partenaire VSO. Je n’ai rien vu de tout cela. Il faut dire qu’au cours des mois qui ont précédé mon départ, j’étais bien occupée à travailler ici et là.

Février : Participation aux différents ateliers offerts aux représentants des organisations soutenus par mon partenaire. C’est la fin de l’année financière, on vide les tiroirs et on multiplie les ateliers.

Mars et avril, les statistiques pour les autorités de VSO : Est-ce que tous ces ateliers ont influencé la vie des personnes atteintes du VIH ? La réponse : Oui.
Lesquels : tous. Des centaines.

Les résultats sont extraordinaires. Londres et Ottawa se réjouiront. Nous sommes un partenaire efficace, nous redorons le blason des autorités bienveillantes qui se soucient des pays en développement.

Et moi, je n’y vois aucun lien. Je fais tout pour tenter de suivre leur logique, mais je n’y parviens pas. Pourtant, j’ai réussi mes mathématiques statistiques au cégep avec succès.

Je vais reprendre ces mathématiques dès mon retour. Peut-être en ai-je oublié l’essentiel.

Fils, j’aurai besoin de votre aide.

Toujours en mars et avril, les employés de mon partenaire courent, ils assurent les urgences à droite et à gauche, ils sont en intervention du matin au soir, les fins de semaine, les jours fériés, et je suis là, à les attendre, quémandant un peu de temps ici et là. Ils travaillent dur et fort, ils y mettent tout leur cœur. Ils sont tous les trois des infirmiers.

Mon rôle est de maximiser l’organisation de leur travail, mais pour cela, ils doivent s’arrêter et m’expliquer.

Je glane ici et là maints petits travaux qui pourront les aider. Des tâches qui n’ont rien à voir avec les objectifs de mon placement.

Le mois d’avril s’écoule, je puis compter les heures passées avec eux sur une seule main.

Mon analyse après quatre mois : Redéfinir le placement.

J’ai fait ma part. Le renforcement des capacités se situe à ce niveau : observer, réfléchir et agir sur le placement.

ORA (observer, réfléchir, agir) est un principe utilisé dans certaines écoles camerounaises. Je suis ici pour utiliser leurs outils et leur rappeler ce qu’ils savent déjà.

Cette situation offerte m’a permis de renforcer mes capacités, un des objectifs de mon projet, mais à l’inverse…Mon partenaire devait renforcer ses capacités et non pas contribuer aux renforcements des miennes.

Dans la dernière étape (agir), j’avoue avoir été envahie par des émotions qui ne m’aidaient guère à déterminer ce qui motiverait mon choix, celui de rester ou de partir.

Vieux truc en psychologie, je dessine une tarte en y inscrivant les pour et les contres. Je vous épargnerai le labyrinthe parcouru, tel Thésée, j’ai combattu le Minotaure grâce au fil d’Ariane. Je m’en suis sortie, mais avant…Cette tarte.
Au décompte, j’obtiens un axe de symétrie parfait. Les pour et les contres sont en équilibre de part et d’autre.

Et dans ce tourbillon rationnel : un appel. C’est ma maman, Marie-Ange. Elle porte son prénom à merveille.
- Allo Alyne
- Allo maman, je suis contente de te parler.
- Tu reviens quand ma belle fille (comme toutes les mamans du monde, elle trouve sa fille belle)
- Mais maman, tu le sais quand je reviens, pourquoi tu me poses la question ?
- Parce que…J’ai hâte de te voir.
- Mais maman…Allez…
Sa réponse : un «ah» allongé qui s’est éteint dans un lourd silence.

MAMAN…J’ARRIVE…Je te choisis. L’idée de passer une partie de l’été avec toi me plait.

Elle ne saura jamais combien ce simple «ah» a fait toute la différence. J’aime ma mère. Tendrement.

…un souffle plus fort que le battement d'une aile de papillon… ma mère souffle dans son village natal, Padoue en occurrence, et son souffle cause un typhon à Yagoua, Cameroun.

En un éclair, je passais du rationnel à l’émotionnel.

Cri primal ou cri du cœur, je n’en sais rien. Mais quelle douceur.

Ce «ah» de ma maman s’est rangé dans la liste des bonnes raisons de partir.
Un ingrédient qui a fait basculer la balance…

Ainsi donc, je me suis mise à imaginer mon été auprès de vous.

Très égoïstement je sais, mais, je crois en ma décision. Elle permettra aux assises qui construisent nos placements de mieux réfléchir avant de faire traverser l’océan à des volontaires qui, au cours de leur vie, décident de consacrer un peu de temps à la coopération.

N’allez surtout pas croire que je quitte ce projet sans peine. Depuis que j’ai annoncé mes couleurs, je les ai vus tenter de se reprendre en me demandant de faire ceci ou cela.

Actuellement, je m’exécute sur des petits projets, je complèterai le site web promis avec un partenaire local. Je dicte son contenu et répertorie les plus belles photos.

De toute évidence, d’ici là, je pleurerai mes alliances avec ceux qui ont nourri mes blogues. Vous les connaissez tous, des gens formidables.

Tout au long de ce temps qui me reste, je construirai des souvenirs, anecdotes qui laisseront des traces mnésiques à mes parents et ma progéniture…

Je vous disais avant mon départ que mon projet ne serait jamais une condamnation, que je reviendrais lorsque l’aventure se terminerait…La voilà terminée…

Cette semaine, je racontais à Bouba qu’un ami volontaire reviendrait sur un autre projet. Il m’a alors dit :
-Et vous, que ferez-vous ?
-Mais Bouba, tu le sais, pourquoi tu me poses la question ?

Un «ah» prolongé qui s’est éteint dans un lourd silence.
Humm…Une impression de déjà vue…

Mon passage ici n’aurait eu de sens sans sa présence et celle de sa femme et son fils. Je les pleurerai en rêvant qu’un jour, je pourrai leur faire traverser l’Atlantique pour leur dire combien j’ai pu les aimer.

Je revivrai l’Afrique…Inch Allah…S’il plait à Dieu…

Date de mon retour : Je serai au Québec dès la fin du mois de juin.

Mes gars, faites votre chambre. Une inspection en règle est prévue…

Grand «Merci» à Huguette d’avoir critiqué le premier jet de ce blogue…Elle disait ne pas me reconnaître. Trop sombre. Le temps a permis quelques éclaircissements…Le voilà beaucoup mieux…À sa dernière relecture, j’ai souri et j’ai finalement pu le titrer.

mercredi 18 mai 2011

SEMAINE 19 - Le TCHAD

Au moment où j’écris ce blogue, nous sommes lundi le 9 mai et il est 22h30. Je n’arrive pas à dormir. Vous comprendrez pourquoi en lisant l’entièreté de ce texte.
Ce même jour, une des volontaires VSO de Moutouroua est dans mon village pour assister à une réunion sur les foyers améliorés. Un concept économique et écologique extraordinaire dont je vous épargnerai les détails…En résumé, il s’agit d’un foyer qui demande moins de bois que tous les autres.
Cette volontaire s’appelle Hafren, on prononce le «f» comme un «v». Une fille de la Grande-Bretagne qui maitrise bien bien bien la langue française. Elle est d’une douceur déstabilisante.
En tant que bonne hôte, je dois l’amener au bord du fleuve Logone, LE LIEU à visiter lorsque la vie t’amène à Yagoua.
Le fleuve Logone sert de frontière entre le Tchad et le Cameroun.
Je réserve mon chauffeur de moto préféré, celui qui me conduit sans que j’aie la frousse. On l’appelle «Petit roi» mais son véritablement nom est Corïanga.
Nous quittons Yagoua pour effectuer le trajet de 9 km. Nous sommes trois sur la moto.
Le ciel est sombre. Nous sommes au début de la saison des pluies. Nous continuons quand même la route.
Une fois sur place, nous prenons une bière et notre objectif est de traverser au Tchad avec un piroguier. Corïanga nous trouve le meilleur qui soit. Avant l’embarquement, nous apercevons un hippopotame. Nous décidons de traverser quand même.
En 2009, un piroguier a été déchiqueté par un hippopotame. J’hésite mais, je monte…On traverse le fleuve tous les jours sans problème malgré leur présence alors…
Nous traversons sans peine. Une fois sur l’autre rive, nous descendons de la pirogue et foulons le sol Tchadien. Nous prenons une gorgée de bière. Nous en profitons pleinement sans trop exagérer.
Je suis entrée illégalement dans un pays Africain, le Tchad, avec de la boisson en plus. VSO déconseillait de se rendre aux frontières du Tchad, moi, j’ai foulé son sol.
Et puis, des voix, le piroguier nous demande de monter. Nous l’écoutons, il démarre à une vitesse telle que je tombe de mon banc.
Les douaniers sont là, ils demandent que nous revenions, ils veulent voir nos papiers. Le piroguier continue sa route. Les gendarmes chargent leurs fusils et se positionnent. Nous nous couchons dans le fond de la pirogue alors qu’il continue en nous rassurant : «Ils font toujours ça quand c’est les blancs, ils ne tireront pas». Mais, je suis morte de peur alors qu’Hafren se relève et continue de fumer sa cigarette.
Ils tirent…Le piroguier n’a toujours pas peur, il dit qu’ils tirent dans les airs…
Je lui demande s’il aura des problèmes par la suite, il me répond que non, il a déjà vu ces Tchadiens faire pire encore. Il dit qu’il discutera avec eux, sans plus.
Il désobéit pour nous. Je ne sais que dire.
Nous remontons le fleuve et nous entendons les gens au bord de la rive criant au piroguier qu’il y a les hippopotames…
Il tourne la pirogue d’un seul coup de pagaie. Les gens crient encore plus fort. Ils sont derrière nous. Je vois leur museau. Il y a des bois dans le fond de la pirogue, Hafren et moi les attrapons alors que le piroguier nous demande de rester bien assises au milieu. Il nous explique qu’il doit naviguer dans le même sens qu’eux pour éviter les dangers. Je n’ai jamais des narines d’hippopotame d’aussi près.
Je pense, je réfléchis et je me trouve irresponsable. Je m’en veux d’avoir amené avec moi Hafren, si belle et si jeune. Je nous vois déjà mortes. Décapitées et déchiquetées. Je pense à mes enfants, à mes parents, à vous tous.
Enfin…Les hippopotames nous ont rattrapés mais nous nous sommes éloignés de l’endroit où nous devons descendre.
Le ciel nous menace, le vent se lève, la remontée est pénible. L’eau monte dans la pirogue. Mes souliers sont trempés mais ce n’est pas grave.
Notre pagayeur se lève et fait le tour en frôlant sa pagaie sur les rebords de l’embarcation tout en marmonnant quelque chose. Nous demeurons muettes. Il prend beaucoup de temps parce qu’une pirogue, c’est long.
Il nous expliquera alors que ce geste symbolise une demande adressée aux esprits afin qu’ils puissent le protéger, lui et ses passagers. Il dit qu’il ne peut exécuter cette demande qu’une fois par an.
Il vient de gaspiller celle de l’année, ce doit être sérieux.
Je le revois encore, attentif à nos besoins, sacrifiant son rituel, nous rassurant par son coup de pagaie fort et droit. Je vous assure, il prenait soin de tout. Sa pirogue, ses passagers et sa vie également.
Nous remontons tranquillement, les éclairs zèbrent le ciel. Je vois les muscles de ses bras se gonflés au rythme de l’eau qui frappe à babord et à tribord.
Il sue. Son visage montre une inquiétude qu’il s’efforce de ne laisser paraitre. Ses pieds sont appuyés dans le fond et ses mains serrent la pagaie.
La vitesse d’exécution est régulière et soutenue. Il passe d’un côté à l’autre de la pirogue à un rythme effréné.
Plus une goutte d’eau n’est tombée dans la pirogue par la suite et pourtant, les vagues étaient toujours plus grosses.
Je suis songeuse alors qu’Hafren affiche un courage exceptionnel. Elle me rassure.
Le danger est de moins en moins présent. Plus nous nous approchons du bord, plus le piroguier sourit. Il est fier. Je lui dis qu’il est bon mais il répond sans cesse : «C’est mon travail».
Nous l’avons bien payé. Il était content. Il est notre «Robert Piché» africain. On fera un film sur lui un de ces jours.
Une fois arrivée, les gens applaudissent, tous nous ont suivis dans notre aventure. Nous entendons «nassara, nassara».
Saines et sauves nous sommes. Les gens nous sourient et nous accueillent chaleureusement. Corïanga nous aide à monter la petite pente de sable. Le pagayeur ne sait où donner de la tête. Il est accueilli en héros.
Ils font leurs applaudissements traditionnels. Un coup, deux coups, trois coups et envoie à la personne qui doit croiser ses bras sur sa poitrine. Il reçoit bien, très bien même.
Hafren est une fille exceptionnelle, je ne l’ai jamais vu faiblir. Je l’admire.
Et que dire de ce piroguier. Il demeure humble. Je suis consciente de ce qu’il vient d’exécuter. Il a su quoi faire. Imaginez seulement le passage des hippopotames, il devait demeurer entre eux sans les toucher. D’habiles manœuvres de sa part nous ont peut-être sauvées la vie ?
Ce serait bien si notre aventure se terminait ainsi mais…Nous prenons la moto pour retourner. Le ciel s’assombrit. Vaudrait-il mieux attendre ? Corïanga me répond que : «Dieu est grand».
Nous chevauchons sa moto et partons. Le vent est de plus en plus fort, nous sommes là, à contourner les branches des arbres qui tombent et les toits de paille des cases. Je ne sais pas pourquoi mais Hafren les prévois et informe Corïanga à chaque fois.
Elle voit tout. Une guide sans pareille.
La pluie tombe si fort que je me demande comment il trouve sa route. La noirceur est tombée et nous traversons la brousse.
La moto zigue-zague. Je me tiens bon.
Encore une fois, je ne sais par quelle miracle mais, nous sommes arrivées chez Bouba, mon gardien de nuit, bien trempée et le cœur soulagé. Nous avons ensuite poursuivi notre route jusque chez moi.
Et tout cela est le résultat de ce que nous avons imaginé, Hafren et moi, sur la moto, lors de notre retour. Il faut bien passer le temps non ! Si vous y avez cru, je suis un peu gênée…J’écris tout petit petit petit…
Je ne vous ai pas tout livré mais, puisque Corïanga riait riait et riait de nous entendre, et puisque Bouba et sa femme ont également bien rigolé, j’ai décidé de vous partager mon quotidien sous toutes ses forme.
La vraie histoire : Nous avons traversé le fleuve et avons effectivement foulé le sol Tchadien dans l’illégalité, et ce, sans embûche. J’y ai pris une gorgée de Coke alors qu’Hafren a pris une gorgée de bière et a continué sa cigarette.
Aucun gendarme, aucun douanier pour nous importuner. Nous sommes revenus et avons demandé au piroguier d’allonger le tour tellement nous étions bien. Les gens sur la rive nous ont informés de la présence des hippopotames et nous sommes allés naviguer ailleurs.
Les hippopotames…Le piroguier nous racontait que certaines personnes pouvaient grimper sur leur dos et arrivaient à les diriger. Les attaques…très très très rares…
Au retour, Corïanga nous a dit que Dieu était grand et Dieu a été grand. Il venait de terminer sa prière alors…Quelques gouttes de pluie seulement.
Et les vagues du fleuve…Juste un tout petit peu plus fort…Et son rituel, le fruit de mon imagination…
Vous, qu’auriez vous ajouter à ce fou rire né entre une britannique et une québécoise qui se sont connus en terre africaine ?
Le soleil tape fort n’est-ce pas…
Je dois ajouter, j’ai fait lire ce blogue à une autre volontaire qui a tout cru du début à la fin expliquant qu’ici, tout peut arriver. Je partage son opinion…
Bonne semaine

jeudi 12 mai 2011

SEMAINE 18 - La négociation

Chers fils,
À la fin de ce blogue, vous connaîtrez un des présents que vous recevrez à mon retour. Vous pouvez choisir de ne pas le lire et garder la surprise, mais vous pouvez également le lire et découvrir son histoire.
Nous sommes trois, je suis accompagnée de deux Camerounais. Nous voyageons ensemble vers Yagoua et attendons à la gare de Yaounde.
Nous avons choisi de manger du poisson et prendre une bière. Nous avons plus de quatre heures à passer. Nous sommes assis à l’ombre, derrière la femme qui cuit le poisson et qui fait face à la rue. Tout est délicieux. Je prends une Castel, bière d’ici. Un seul format : 0,65 l.
On appelle ce genre d’endroit des tourne-dos simplement parce que nous tournons le dos à la rue.
Des vendeurs nous offrent un peu de tout. Rien ne m’intéresse jusqu’à ce que je vois les yeux de mon collègue s’illuminer. Il prend le ballon offert par le vendeur de rues, me le montre et dit : «Ça ne peut pas crever, j’avais le même ballon quand j’étais jeune, c’est un bon ballon de foot africain». Je touche, c’est léger, mais c’est quoi ? Une espèce de ficelle enroulée, mais ce n’est pas de la ficelle.
Il m’explique.
Il s’agit de la sève de l’hévéa que l’on cueille après avoir «blessé» l’arbre. Celle-ci est chauffée de sorte qu’après un certain moment, on puisse l’étirer jusqu’à l’obtention d’une ficelle. On roule adroitement le tout et obtenons un «ballon de foot africain».
Le vendeur demande 3000 fr pour le gros, mon ami offre 500 fr., le combat commence…Un match de négociation… Mon ami ne bouge pas, le vendeur ne tend que le petit ballon…Hors de question de vendre le gros au prix qu’il offre.
Pendant tout ce temps, je réfléchis. J’en veux un. J’intercepte la négociation et monte les enchères. S’installe alors un combat entre le vendeur et moi, mon ami se tait, j’obtiens le ballon pour 1500 fr., la moitié de ce qu’il demandait. J’en prends deux et en offre un à mon ami pour ses fils et sa fille.
Je suis contenté, considérant le temps de confection et le travail que l’artisan y a mis, pour moi, l’argent investi est juste, du moins, pour moi, la blanche, la Québécoise qui ne se casse pas la tête pour quelques sous, voire même, quelques dollars.
Mon ami ne dit pas un mot, il ne critiquera pas ce que j’ai fait.
Le vendeur se présente à la table voisine où se trouvent d’autres amis, il laisse le même ballon pour 1000 fr. Ce prix est plus juste selon mon ami.
Je fais signe au vendeur. Nous discutons, discutons, discutons. Je lui fais la morale. Il repart, il revient et je me lève pour le retrouver, nez à nez, debout devant lui, je suis la maman qui sermonne le fils. Je lui demande un troisième ballon. Le combat commence. Il demande 500 Fr pour le petit. Je lui répète sans cesse que ma peau a déterminé le prix du ballon vendu quelques minutes plus tôt, que si je ne gagne pas le présent combat, mes amis avec lesquels je dois travailler toute une année ne m’accorderont aucune crédibilité.
Il me dit que le prix à 1000 fr. était pour un frère, je lui réponds que je veux être sa sœur, pire encore, je veux être sa mère. Le plaidoyer se poursuit.
Les Camerounais sont forts, ils discutent sans arrêt. Tout au long de notre échange, il m’explique que c’est le jeu, qu’une fois que le marché est conclu, il ne peut revenir en arrière. Et je repars de plus belle, je lui fais la morale morale morale plus fort encore et finit par lui offrir 150 fr. Il me dit que plutôt que de prendre 150 fr, il préfère me donner le ballon.
Je n’ose y croire. Je tends ma main et il la prend. Nous venons de conclure. Je le remercie.
Je saisis le ballon. J’ai gagné. Du moins, nous avons tous les deux gagné.
Au retour, les amis sont fiers. Ils me demandent comment j’ai fait. J’explique. Tous rient et me félicitent reconnaissant ainsi le progrès de la nassara.
Et puis…Je pense : trois fils et un ballon. À qui ira-t-il ?
Et je pense encore et encore…Mais qu’est-ce que j’ai fait ?
Je cherche le vendeur. Je le trouve et me dirige vers lui en tendant 2000 fr. : « deux ballons s'il vous plait ». Il me regarde, le sourire en coin, hésite à tendre la main.
Bévue, j’escamote ce que les Camerounais préfèrent…Négocier. Je réalise mon erreur et lui tends la main plus lentement avec un regard et un sourire communicateur. Il sourit, rit et prend ma main pour ne plus la lâcher. Nous sommes là, à rire, rire et rire.
Tous deux, nous savons pourquoi nous rions. Les mains se tiennent toujours et chaque fois que nous voulons nous lâcher, le rire reprend.
On termine avec le clac doublé de la poignée de main Camerounaise.
Ça, c’est un bon souvenir. Un moment agréable. Le résultat d’une complicité vivement installé en plein cœur d’un après-midi, avec un pur étranger, pour l’amour d’une culture et pour l’amour de la rencontre.
Je n’oublierai jamais ses yeux, la moiteur de ses mains, son discours sur le travail de l’artisan, sa concession en cours de route et le regret de n’avoir pu renégocier mon deuxième achat. J’aurais eu du plaisir. Nous aurions eu du plaisir.
Mais, je crois que malgré tout, cette bévue nous a permis de rire autrement. Les regards, la poignée de main, les sourires et les rires valaient leur pesant d’or.
Le Cameroun et les Camerounais, c’est aussi ça.
P.S. Mes fils, sincèrement désolée…Depuis, j’ai donné les ballons aux enfants de la rue.

mercredi 4 mai 2011

Semaine 17 - Marche matinale

Je traverse le pays, les idées suspendues entre la chaleur et les odeurs qui inondent ma chair et mon esprit, je ne peux m'en soustraire.

Je m’imprègne des différences que j’observe, entends, sens, goûte et touche. Je cherche mon stylo pour écrire, vous écrire.

C’était au mois de janvier, les premiers paragraphes d’un de mes premiers blogues.
Aujourd’hui, quatre mois plus tard :

Je traverse le village, les idées suspendues entre la chaleur et les odeurs qui inondent ma chair et mon esprit, je ne peux toujours pas m'en soustraire.

Je m’imprègne des différences que j’observe, entends, sens, goûte et touche. Je cherche mon stylo pour écrire, vous écrire.

Il n’y a pas de stylo et je n’aurai jamais de stylo. La raison : c’est en marchant que je traverse le village chaque matin. Je vous amène avec moi.

Soyez intense, ayez le pas rapide et n’oubliez pas votre bouteille d’eau fraîche, vous en aurez besoin.

L’intensité de mon pas et de ce que je reçois me permet une absorption sensorielle telle que mes capacités mémorielles s’activent au rythme des rencontres et des différences croisées.

Tout importe, futilités incluses : Toujours au même endroit, ce tube de pâte à dent vide qui traine au milieu de la rue. Il est là depuis plusieurs semaines. Étrangement, il ne bouge pas. J’aime ce détail. «Crest» est ici même à Yagoua.
Maintenant, laissez-vous insuffler de mes aurores sahéliennes…

Environ trois kilomètres et demi de sable. Du sable vous dites ? Selon les gens d’ici, Yagoua n’a pas son pareil.

Les motos glissent dans le sable comme nos voitures glissent sur la neige. Ils aiment que je leur dise que le mouvement de leur moto me rappelle celui de ma voiture les jours de tempête de neige…« la moto danse» disent-ils.

Les métaphores sont au cœur de leur langage.

6 heures, je quitte la maison. Plus tard, le soleil me frappera et je n’y arriverai pas. Je ne suis pas Africaine, je suis Nord-Américaine et j’ai grandi dans le froid. Trop de chaleur m’exténue.

Une jeune villageoise m’a un jour dit qu’elle priait pour moi. Elle souhaite que je traverse sans trop de peine cette période de chaleur. J’ai été chaleureusement touchée par cette attention.

À vos pas…Enfin, nous partons…Le trajet sera exceptionnellement long, j’ai tant de choses à vous décrire.

Première étape, je traverse le mur qui encadre ma maison en saluant Bouba qui balaie ma cour. J’ai beau lui dire d’arrêter de balayer mais il insiste. Il m’ignore. Je déteste quand il m’ignore.

Je dois toutefois avouer que j’aime revenir le soir et trouver le sable de ma cour dessiner différemment, et ce, jour après jour. Je peux identifier chaque coup de balai qu’il a laissé et y apercevoir ses derniers pas. C’est très joli, ça m’aide à tolérer son insistance et son indifférence.

Je lui dis souvent qu’il est têtu. Il répond toujours de la même manière…Un sourire.

Premier contact, un matin sur deux, ce vieil homme vêtu de son boubou bleu ciel, les mains derrière son dos légèrement courbé, sourire narquois, il dit toujours la même chose : «ma-de-moi-selle» en prononçant chaque syllabe sur un ton différent. Il est très grand et nos regards se croisent brièvement.

Je lui retourne son sourire et la conversation ne va pas plus loin à moins que je décide de lui dire «sala malékom», et lui de répondre «malékom salam».

Quelques enfants très jeunes, pas plus de 6 ou 7 ans, balayant le devant de leur porte…Nassara…Nassara…Certains viendront me tendre leur main…Mouillée, trempée, sablonneuse, collante…Autant de qualificatifs pour autant de main tendue et autant de forme…Petites, minces, épaisses, glissantes, fuyantes, insistantes, etc.

Amusant.

Plus je m’éloigne de ma maison, plus je me rapproche du centre ville…Des boutiquiers qui installent leur étalage, des stations d’essence pour motos qui se résume à une table de bois et des bouteilles d’un litre remplies d’essence.
Elles sont transparentes et seront réutilisées à satiété. Elles sont sales, mais, ce n’est pas grave, ici, il n’y a as ni contrôle de qualité ni normes environnementales.

Imaginez l’odeur maintenant. Je bloque mes narines tout en continuant ma route. Y’a des matins, l’odeur est présente sur plusieurs mètres.

Au décompte, sur mon trajet, je traverse quatre stations d’essence comme celles-ci. Quatre fois j’arrête de respirer par le nez.

Au début, en raison de la couleur jaunâtre, j’ai cru que c’était des vendeurs de miel ou d’huile végétale. Ne riez pas, quel Nord-Américain aurait pensé qu’il s’agissait de litres d’essence ?

Je continue ma marche dans ce sable qui s’accumule dans mes espadrilles.

Juste avant la sortie du village, un coiffeur qui installe sa chaise sur le bord du sable de la rue dans un espace délimité par des briques rouges. La chaise fait face au miroir accroché sur le mur de la concession.

Sur le miroir, LA photo du visage de Che Guevara, vous savez, celle que l’on retrouve sur tous les chandails…Lu récemment dans un «power point» de photos célèbres, elle fût prise par Alberto Korda alors qu’il était à l’enterrement des victimes de l’explosion de la Coubre. L’Institute of art du Maryland (USA) l’a surnommé la photo la plus célèbre du 20ième siècle. On termine en mentionnant qu’il est un symbole universel de rébellion.

Voilà pour la célébrité de Che…Elle a traversé le continent…Pour ce qui est de la rébellion, vous n’avez qu’à surveiller ce qui se passe sur le continent…

Et tout près de son salon de coiffure, deux bancs pour ses clients, du sable, encore du sable et…Son sourire.

À cette heure, il s’installe ou encore, il a rejoint son groupe d’amis quelques mètres plus loin.

Avec le temps, nos sourires se sont faits plus généreux. Un jour, il m’a glissé un sac de plastique noir en me disant : «peut-être que tu trouveras quelque chose là dedans» tout en me demandant de l’ouvrir une fois à mon bureau. Le sac contenait un papier avec son prénom et son numéro de téléphone et un très beau voile que les africaines portent principalement sur la tête.

Et puis, un autre jour, il m’a offert un chapeau de paille pour le soleil. Une œuvre artisanale d’ici que je porte avec fierté.

Dans nos lendemains lointains, peut-être me demandera-t-il d’être sa 18ième femme et je lui répondrai que mon papa ne me laissera pas partir sans une dote de 25 têtes de bœufs. Ça le découragera peut-être…

J’ajouterai que j’ai quatre frères et trois fils qui en voudront tout autant. Mieux encore, papa Alain voudra la livraison de ses têtes de bœufs à son domicile.

Il abandonnera.

Et je lui expliquerai que la Nassara est compliquée, elle est jalouse et possessive. Elle sera toujours la même.

Je ne pourrai me résigner à le marier sans qu’il ait payé son dû. En pareilles circonstances, papa Alain aurait alors le droit de venir m’arracher à lui. Je ne veux pas que mon père vienne ici, je suis pas certaine qu’il aimerait alors, je vais lui éviter ce voyage. Voilà pour la tradition.

Mais avant ces cadeaux…Une lente évolution qui…

Du simple sourire aux salutations…aux «C’est comment»…aux « Et la chaleur » aux taquineries et moqueries…Que-de-matinées-traversées…

Tout doucement, doucement, doucement…Il faut prendre son temps, il faut avoir le temps.

Maintenant, cet attroupement d’hommes qui se compose différemment chaque matin attend mon passage. Il en est toujours un pour me signifier mon retard ou pour me demander les raisons de mes absences…En interface, toujours ce même coiffeur, à qui j’ai finalement demandé s’il pouvait couper les cheveux de la Nassara.

Depuis, il en rêve.

Vous ai-je dit que les Camerounais sont espiègles et moqueurs. J’ai vite appris. Devant ce groupe d’hommes avec lesquels le contact est régulier, j’attaque avant qu’ils ne puissent dire quoi que ce soit. Je les sermonne pour des bagatelles. Si on me parle de mon retard, je leur dis que leur montre est déréglée, prenant leur poignet dans mes mains, regardant leur montre et lâchant leur bras avec une expression de découragement…«...Hummm…Déréglée, votre montre est déréglée…Mais c’est comment ?»

J’ai fait miennes leurs expressions et ils adorent.

Tout cela se passe alors que je continue d’avancer. Jamais bien long mais combien énergisant. Lorsque je termine avec eux, je ris et conserve mon sourire jusqu’à la sortie du village.

Y’a même quelqu’un qui m’a dit un jour que je souriais tout le temps et qu’il trouvait ça «trop gentil» pour utiliser ses propres mots. J’ai réalisé qu’il est un de ceux que je croise tout de suite après mon attroupement préféré…Ça m’a fait sourire encore plus fort…

Intérieurement, je réalisais combien les reliquats de nos bons moments peuvent se transmettre involontairement aux suivants…Humm…Aux suivants…Ça me rappelle un film… Que les cinéphiles s’activent…

Je traverse le pont. Une rivière sans eau qui sera bientôt une rivière avec eau. En attendant, on y a semé le tabac. C’est vert…très vert…Les femmes s’y affairent, calebasse en main.

Au travers cette verdure, un ou des cris : Nassara…Je lève la main bien haute et je reçois la pareille.

Les femmes Camerounaises sont partout dans le paysage matinal. Elles sont aux champs, elles vendent leurs beignets, leurs cafés, elles puisent et transportent l’eau, elles marchent, bébé au dos et colis sur la tête, elles moulent leurs grains, elles écrasent leurs arachides, elles balaient leur entrée et malgré les rudesses de leurs vies, elles sont droites, bien droites.

Inutile d’insister, je vous ai déjà décrit leur démarche, celle qui ne ment pas…Celles qu’elles conserveront toute leur vie…Leur trop courte vie.

Il faudra un jour m’expliquer quels muscles se développent au transport et au maintien en équilibre de tant de choses sur leur tête. Elles apprennent très jeune. Je vous jure, c’est très très très beau. «Très» X 3.

Et je rencontre la misère. À un ami avec qui je dois un jour distinguer pauvreté et misère, je sais que je débuterai la conversation en disant que sur ma route, le matin, je rencontre la pauvreté et la misère. Quatre ou cinq fois par matinée : la misère. Des hommes et parfois des femmes.

La santé mentale n’a jamais été désinstitutionnalisée parce qu’elle n’a jamais été institutionnalisée.

Elle se trouve dans la rue, ignorée de tous et vécue durement.

Ils mangent ce qui se trouvent par terre, ils sont couchés sur le sable au carrefour des rues, ils errent, ils survivent. Leurs joues creuses, leurs yeux hagards, leurs cheveux crasseux, leurs pieds nus, leurs haillons, leur détresse…Leur pauvreté…Leur misère…

Imaginez, je revois même celui qui m’avait agressé au cou au début du mois de février. Il porte toujours les mêmes vêtements et ses cheveux sont toujours aussi sals.

S’y habitue-t-on ? Je ne pourrais dire. Une chose est certaine, on finit par continuer sa route couvert d’une chape d’indifférence, celle qui nous permettra de sourire aux enfants à venir.

Finalement, si je vous en parle, c’est que la sensibilité demeure. Ma chape n’est pas très épaisse.

J’écrivais :
Décrire ces maints villages affichant un quotidien aux différences innombrables demeure un survol de mes lendemains. Un prélude aux contrastes.

Maintenant, je rencontre les contrastes. Le prélude est terminé. Je suis au chœur de ces lendemains prédits. Tous les jours, j’y suis.

Je passerai de vous décrire combien certains endroits de la ville ressemblent à un grand dépotoir. Feu en action, c’est le matin qu’on brûle les déchets domestiques. Une odeur de plus à traverser.

Et cet adolescent qui se joue de moi…Nous nous croisons presque chaque matin, il évalue mes performances par rapport au jour précédent. Dépendamment du point de rencontre, je suis questionné sur mon retard ou je me fais accuser de tricherie.
Tout au long de mon chemin, quatre puits déjà sollicités par les paysans. Femmes et enfants attendent leurs tours.

Au chuintement de la pompe et au bruit de l’eau qui percute les seaux, je sais intérieurement que le développement sera long.

Ici, lorsque nécessaire, les gens se disent «Du courage» …

À ces gens je dis : «Du courage»…

Somme toute, j’ajoute que le courage est relatif. Simplement parce que je marche chaque matin…Certains me disaient «Du courage».

La Nassara de Yagoua ne rencontre pas les critères qu’ils se font des Nassaras imaginés… Selon eux, avec l’argent que j’ai, je devrais prendre la mototaxi et éviter la marche.

Au fil du temps, je leur ai expliqué que c’était bon pour le cœur, les muscles, les jambes, le souffle, etc. Et combien de fois j’ai pu me justifier…

Leur conclusion : «Je fais le sport».
Ma conclusion : «Je fais du sport».

Depuis, il n’est pas un matin sans qu’on me dise : «Vous faites le sport». On ne m’offre plus de mototaxi et on ne me dit plus : «Du courage».
VSO mise sur le renforcement des capacités. Dans ce cas-ci, j’ai atteint mon but. Ils ont compris.

Temps imprécis à parcourir mon trajet : Entre 50 et 55 minutes.

Je termine en vous mentionnant que ce tonifiant me demandera un certain sevrage.

Sans prétention, je crois avoir contribué à changer un tout petit peu leur aurore sahélienne.

Bonne semaine à tous.

P.S. Eh…Dis-moi papa…Tu as de la place pour 25 têtes de bœuf ? Il semble sérieux, il vient tout juste de me faire livrer des mangues…de grosses grosses mangues.