mardi 5 avril 2011

Semaine treize (Texte intégral)

On m’avait prévenu.
Mars et avril, tu auras chaud, «…on sue comme des cochons». Je vous assure, je sue comme une cochonne.
Mars et avril, « …j’avais quatre ventilateurs et ça ne suffisait pas». J’ai un seul ventilateur et il ne suffit pas.
Mars et avril, «…c’est comme être près d’un feu de camp, tu as chaud, tu veux t’éloigner, mais, le feu te poursuit». Depuis quelques semaines, le feu me poursuit.
Il fait chaud. Ma peau transpire comme jamais. Je bois sans que mon système urinaire obtienne sa juste part. La répartition des liquides n’arrive pas à se faire, la chaleur assèche toute boisson qui entre dans mon corps et l’évapore juste là, dès l’entrée. Le cou, les aisselles, le thorax, le pli des coudes transpirent et tout le reste du corps en arrache.
Je vous le dis, j’ai parfois peur pour mes reins…Vous savez, ces organes de l’élimination de nos déchets organiques qui orchestrent nos urines selon nos absorptions fluides…Je crois qu’ils sont présentement au chômage.
Bon, papa et maman, pas de panique quand même, j’urine, mais moins. Jaune le matin, jaune et jaune le soir alors qu’habituellement le jaune est présent que le matin. Pour la quantité d’eau que j’absorbe, je devrais courir les toilettes, mais, ce n’est pas le cas.
Quand je vous dis que je transpire…
À mes amies, ami au féminin pluriel, que mes amis, ami au masculin pluriel, continuent la lecture avec retenu et discrétion. En aucun temps, lors de votre retour, vous aurez le droit de vérifier si les éléments contenus dans les prochains paragraphes sont vrais.
Des précisions s’imposaient. Allez voir pourquoi.
Prise deux.
À mes amies, (ami f.p.),pour la première fois de ma vie, j’arrive à suer et mouiller mon chandail juste là, sur mon thorax, mon buste, mon cœur, ma poitrine ou mon torse, juste là, entre mes «deux seins».
La première fois que j’ai constaté que je ruisselais suffisamment pour laisser des empreintes d’humidité à cet endroit, je ne savais que faire. Je décollais le tissu de mon chandail de ma peau en l’aérant, mais c’était inutile. Les traces demeuraient. Honnêtement, j’étais presque déçue d’être seule. J’aurai tellement aimé que l’on puisse imaginer qu’à cet endroit précis de mon corps se trouvait suffisamment de chair pour me faire transpirer.
Qu’à cela ne tienne, dès lors, ne pouvant partager ce moment de félicité unique, je décidais d’en faire un blogue. Comment ne pas partager cette expérience sensorielle ou mon corps s’est soudainement senti transformé.
Mes amies, (ami f.p.), actuellement, je sue comme si j’avais une «craque». Une seule chose, j’en ai les inconvénients sans en tirer les avantages.
Tout cela n’est pas sans me rappeler certains souvenirs où certaines de mes amies, (ami f.p.), m’avaient suggéré de mettre un peu d’argent sur mes outils promotionnels, en occurrence, mes seins. Croyez-le ou non, ces amies, je les aime encore. Avec le temps, j’ai appris que les relations franches et honnêtes sont celles qui durent le plus longtemps.
Et cette expression «outils promotionnels» qui me fait encore sourire n’est pas de moi mais d’une amie qui est doté d’une intelligence forte vive jumelée à un esprit ludique. C’est pour cela que je l’aime…Et plus encore.
Et à cette discussion animée entre amies racontée à mes trois adolescents, l’un d’entre eux, ou peut-être même les trois, m’avait suggéré «le kit à 5000». Mais qu’est-ce qu’un «kit à 5000» leur avais-je demandé…Fort simple, il s’agit du résultat d’une augmentation mammaire.  
Eux aussi je les aime encore.
Aujourd’hui, je suis fière de ne pas avoir investi un seul denier. Ces deux éléments de mon corps demeurés étrangers jusqu’ici le demeureront.
Je poursuis.

J’ai vraiment chaud. Je prends deux et parfois trois douches par nuit. Je suis en train de dérégler le coq du voisin qui chante à chaque fois que j’ouvre et ferme le robinet de ma douche. Il a dû, depuis mon arrivée, régler ses chants à mes douches matinales et n’arrive pas à comprendre ce qui se passe. Résultat, je me douche et il chante.

Ivan Petrovitch Pavlov serait certes heureux de constater que mêmes les coqs ont des réflexes conditionnés. S’il avait fait ses expérience ici, dans ma maison, la science de la psychologie nous parlerait du «coq de Pavlov» et non du «chien de Pavlov».

Confession que je vous chuchote par remords…Ce coq, j’ai rêvé de le manger. Je l’ai vu rôti, bouilli, en sauce, en pâté, en brochettes, en soupe, en fondue, en grillade, etc. J’ai cessé mes fantasmes le jour où je me suis dit qu’il avait peut-être aussi chaud que moi, qu’il ne savait pas comment suer comme un «cochon», qu’il n’a pas de ventilateur, que le feu le poursuit et que, le pauvre, il ne peut pas prendre de douche pour se rafraîchir. Pire encore, je ne chante pas pour lui.
Ce n’est pas terminé. Lorsque je respire, tout est chaud. Je sens la chaleur dans ma bouche, mon œsophage, mon larynx, mon gosier, ma fale, tout y passe. À ces mêmes amies, (ami f.p.), à qui je m’adressais tout à l’heure, n’ajoutez rien, je vous connais et je vous entends d’ici, vos remarques grivoises traversent l’océan…Il ne s’agit que de la chaleur que je sens dans ma bouche…Compris…
Désolée pour les autres lecteurs, je veux juste limiter le flot de commentaires appréhendés par mes amies aux propos épicés.
Je continue, l’intérieur de mes narines sèche et doit être constamment arrosé d’eau. On y va de nos doigts. Le mouchoir étant, de toute évidence, une entrave au bon travail. La poussière de l’air, le sable et la pollution des feux allumés ici et là pour brûler les déchets domestiques s’entassent, s’empilent, se cumulent pour se coller, se greffer à vos parois nasales. Inutile d’en ajouter. Je n’ai de mots pour vous décrire et je ne veux en trouver.
À votre peau se colle toutes particules étrangères qui se trouvent dans l’air et votre transpiration garde tout, conserve tout, retient tout. Pire encore, lorsque l’harmattan, ce vent très chaud et sec soufflant du Sahara se lève et ne fait que poussière votre environnement, vos yeux piquent et vous craignez la conjonctivite.
Parfois, je n’ose plus me toucher ou me gratter avant d’avoir lavé mes mains. Je me sens sale.
Je me demandais sincèrement si, en Afrique, nous parlions du climat ? Eh bien oui. Le matin, lors de ma marche matinale, on me demande : «C’est comment ? Et le soleil ? Et la chaleur?»….Même les gens d’ici s’en plaignent. Ils couchent dehors, ils s’entourent d’un drap mouillé, ils boivent et transpirent autant sinon plus que moi.
Tout mon linge de couleur pâle est jauni par la transpiration. Le javellisant ne fournit pas.
J’ai longuement pensé à me faire un nid dehors, mais, les cafards me faisaient peur. Bouba, mon gardien de nuit, m’a convaincu et a trouvé un endroit pour installer ma moustiquaire. Je me suis assuré de son étanchéité et j’ai dormi, et dormi rêvant à mes amies, ami f.p.. Que de plaisir nous avions. Et pour les amis, ami m.p., j’ai également rêvé à vous. Adorablement, vous étiez tous surpris de lire la suggestion de mes fils…Vous ne compreniez pas…
Et ces expériences de nuit à la belle étoile se poursuivent. Hier, alors que j’avais introduit mon château, soit ma nouvelle chambre extérieure, Bouba a fait le tour de mon matelas avec la craie qui tue les cafards. Il dessinait mon territoire. Intérieurement, j’ai ri. Je ne lui avais rien demandé. Il sait que je déteste les cafards et tente d’éviter tout cri nocturne qui pourrait alerter les voisins, mais, je crois qu’il a aussi fait cela parce qu’il est aimable, fort aimable.
Dans toute cette histoire de chaleur, le seul point positif, un avant gout de ce qui m’attend. J’entends encore ma maman se plaindre de la chaleur lors de sa longue traversée ménopausique…Génétique aidante, je devrais vivre l’Afrique en Amérique sous peu.
Pour moi, que le mois de mai arrive avec ses températures plus froides.
Pour vous, que le mois de mai arrive avec ses températures plus chaudes.
Je signe ce que je signe depuis peu…
Votre Alyne qui transpire, sue, sécrète, suinte, dégoutte, ruisselle, nage, dégage, pue, etc.

2 commentaires:

  1. Ah! Alyne! Nous ne sommes pas du même sang, mais bien de la même famille! Moi non plus, le kit à 5000 ne me dit rien! Je ne suis encore jamais allée en Afrique, mais, lors de périodes d'entraînement intense, j'ai déjà expérimenté ce que tu décris et avec la même surprise!
    Merci de me faire rire ce matin...
    À la semaine prochaine xx

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  2. Allo (à l'eau) Alyne!

    J'arrive de Cuba et je trouvais ça chaud.... je pense que ce n'est rien à comparer à ce que tu décrits!!!! Tu es mieux sans le kit à 5000$.... tu suerais en dessous des seins en plus!!!!

    Bonne semaine de transpiration!

    Diane

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