Voici Oscar et l'arraignée qui veille sur les moustiques de la maison. Une photo de mon petit petit salon...
OSCAR
Vous vous rappelez mon ami Oscar le lézard ? C’est au blogue de la deuxième semaine que je vous l’ai présenté.
Il est de retour, il m’a suivi jusque dans ma maison. Il m’a adopté. Avec lui, toute sa famille : grand-père, grand-mère, papa, maman, le grand frère, le petit frère, la grande sœur, la petite sœur, sa femme (une seule), ses petits dont le bambin qui adore jouer et parfois, oser défier les limites de mon territoire.
La famille au complet, un vrai Africain. Je doute même qu’il ait amené la famille de sa femme, je devrai vérifier avec lui ultérieurement. Et si c’est le cas, je comprendrai alors un peu mieux le nombre qu’ils sont.
Vous savez, sa présence est une bonne chose puisque j’ai besoin de lui pour éliminer les cafards qui oseraient s’approcher de ma maison. Il a transmis la notion de territoire à son clan et je vous dirais que jusqu’ici, tous respectent à la lettre le protocole déjà signé entre Oscar et moi. Mieux encore, ils demeurent sur les murs de ma cour extérieure. Si tous résistent à la tentation de venir dévorer les araignées de ma maison qui s’occupent de bouffer les moustiques, ce sera le paradis.
Vous comprenez ainsi que je dois impérativement cohabiter avec deux espèces bienveillantes, le lézard et l’araignée.
Je les préfère de loin aux moustiques qui peuvent nous transmettre la malaria ou à ces laids cafards qui provoquent chez moi la répulsion, le dégoût et la nausée.
Avec Oscar, tout s’est bien déroulé. Il a tout de suite reconnu mon langage et a compris les clauses du contrat complexe que nous devions signer. Or, ce n’est pas la même chose avec les Camerounais plus âgés qui n’ont pas fréquenté l’école très longtemps.
On me regarde, on demeure silencieux, parfois la répartie se limite à peu de mots. Certains se risqueront.
-Vous êtes Française ?
-Non, je suis Canadienne et rapidement d’ajouter «Québécoise pour être plus précise».
-Ah bon ! Voilà ! C’est l’accent.
Et ils ajoutent : «Nous sommes frères, nous avons aussi deux langues au pays, l’anglais et le français».
Croyez-le ou non, ils ont eux aussi leur ROC (Rest of Cameroun au lieu de Rest of Canada).
Que de mots changés, éliminés, remplacés. Combien de fois je me suis fait dire que j’avalais mes mots ou mes syllabes.
Résultat : je m’exerce à prononcer lentement et très très clairement soignant ainsi mon vocabulaire administratif qui diffère quelque peu.
Retenez que je ne suis pas dans la capitale, je travaille avec des gens qui viennent de village parfois inaccessible en saison des pluies. Le français est leur deuxième langue et parfois même leur troisième.
Je me rappelle avoir donné des explications à un homme venant d’un village de la brousse comme ils disent ici, et qui me regardait sans dire un mot pour ensuite regardé le chauffeur de moto-taxi et lui dire : «Qu’est-ce qu’elle a dit ?» Et moi qui m’appliquais à parler lentement, clairement et doucement.
Le chauffeur a repris en faisant des phrases encore plus courtes et prenait le temps de prendre une pause entre chacune d’elles. Depuis cette démonstration, mes communications sont meilleures avec les gens des villages qui sont plus âgés, je me rappelle le chauffeur qui reprend ce que j’ai dit et je l’imite sans moquerie.
Ce même jour, j’avais dirigé ce même monsieur à sa chambre puisqu’il ne pouvait retourner dans son village le même jour.
Peu de temps après l’avoir laissé, il est revenu me voir et m’a demandé de le suivre dans sa chambre, «je voudrais que tu viennes» m’a-t-il dit. Il me montra la douche et dit : «Qu’est-ce que c’est ?» J’ai ouvert l’eau pour lui montrer et lui ai dit que c’était pour se laver et il a ajouté tout doucement : «Je vois, et l’eau coule sur toi». Il se retourna, vit le savonnier et dit : «Et ça, c’est pour mettre le savon».
Mais ne vous en faites pas, je parle encore québécois et on me parle toujours de mon accent.
Se mouler au langage local est une nécessité. Ne pas se faire comprendre est difficile et se faire comprendre à moitié l’est tout autant.
À titre d’exemple, ils feront une enquête alors que nous ferons une collecte de données. Ils demanderont une «décharge» alors que nous demanderons un «reçu» même si je sais que le mot reçu n’est pas dans le dictionnaire et que nous devrions dire «récépissé».
Ils font un plaidoyer alors que nous faisons une campagne de sensibilisation. Ils «lavent» les photos alors que nous les développons. On nous présente un bâtiment alors que nous présentons des personnes.
Je ne soupe plus, je dîne et, je n’ai plus d’adverbe interrogatif, je dis «C’est comment?».
Ce fameux «C’est comment?». Je leur demande comment je peux connaître son véritable sens alors qu’eux-mêmes le disent n’importe quand, n’importe où, n’importe comment et pour n’importe quoi.
J’ai donc conclu que je pouvais le lancer, comme ça, sans trop me questionner, et que de toute manière, on me sourirait et qu’ensemble, on engagerait la conversation.
Mais je vous le dis, avec Oscar, tout s’est bien déroulé.
Pour être honnête, je doute de ses origines lointaines…Peut-être est-il le résultat d’un croisement entre une salamandre québécoise venue pour le développement international et un lézard camerounais?
Enfin, une chose est certaine, sa famille est grande et je doute des activités nocturnes de mon ami Oscar. Encore une fois, je crois que, comme mentionné à la semaine six, c’est chez moi qu’on se multiplie, c’est chez moi qu’on se courtise, qu’on se séduit, qu’on se conte fleurette et, qu’on se réjouit de jouir. À une différence près, je ne demeure plus chez les sœurs.
Mieux encore, je désire qu’Oscar se multiplie avec sa «belle» et que tous se nourrissent des délicieux cafards qui provoquent chez moi la répulsion, le dégoût et la nausée.
Bonne semaine à vous...
Alyne,
RépondreSupprimerSalut Oscar et sa famille bien bas, ils sont tellement utiles! Bonne semaine!
Diane la grenouille!
Oh la la! Il est gros, Oscar! Et l'araignée aussi! Avant de déménager, Francis et moi avions un terrarium, avec quelques grenouilles et lézards... J'ai oublié de fermer la porte de nombreuses fois et j'ai souvent payé pour ma négligence en devant courir après les bestioles partout dans l'appartement! Et ça se déplace vite, ces bêtes-là! La leçon, c'est qu'on est aussi bien de cohabiter! Pas de cage, pas de stress!
RépondreSupprimerBonne semaine!
Catherine xx