lundi 20 juin 2011

Semaine 24 : 14 parcelles de quotidien Africain

Aujourd’hui, pêle-mêle de ce quotidien que je quitterai dans moins d’une semaine.
Des parcelles, des fragments, des fractions que j’ai appréciés.

De courts ou longs moments qui m’ont interpellé pour différentes raisons.

Ils sont de ceux que je glisserai dans mes conversations futures…

Un quotidien qui parle, qui traduit, qui présente la vie au temps simple ou composé dans leur vie parfois si compliquée.

Sans réflexion, sans intention, sans ambition, le plus objectivement possible. Je vous place tout près de moi pour que vous puissiez imaginer vos actions, réactions ou appréciations.

À la douzaine…Je vous en offre treize…Classique dans la vente…treize à la douzaine…Comme les épis le temps venu…

1-
20h30, Bouba et moi sommes assis dehors. Nous nous racontons notre journée lorsqu’il se leva pour aller éteindre la lumière de la galerie.
-Mais pourquoi éteins-tu la lumière Bouba ?
Pointant le ciel avec son doigt il dit :
-Y’a la lune.

2-
Avec Sylvie, la femme de Bouba, chez le boucher, elle négocie pour 500 fr de viande de bœuf.

Elle parle en patois, je ne comprends rien et suis un peu à l’écart. Elle fronce les sourcils et monte le ton pour obtenir un morceau de plus. Une fois l’achat terminé, nous marchons ensemble et elle me dit :

-C’est trop cher la viande à Yagoua, trop trop trop cher. Tu as vu quand j’ai froissé ma face, il en a ajouté non ? »

Les Camerounais utilisent beaucoup le «non» à la fin de leur phrase pour rendre interrogative leur affirmation.

Je souris…En image dans ma tête, son expression «froisser la face»…

3-
Lors de l’appel des passagers pour l’embarquement du trajet en autobus qui me mènera vers Maroua, je me lève pour me diriger dans une autre direction afin de saluer une amie. L’employé de la compagnie qui effectuait l’appel dit alors au micro : «Alyne, ne fuyez pas, nous partons».

Malgré la foule, il m’avait vu… Mais quelle gentillesse.

Ici, on se soucie beaucoup de « l’étranger» pour emprunter leur expression.
J’ai répondu en lui signifiant d’un seul doigt que j’allais saluer une amie. Il m’a donné la permission en hochant la tête.

4-
Bouba passe me voir en plein cœur de l’après-midi. Nous discutons de tout et de rien. Je lui dis que pour le diner, je réchaufferai la sauce préparée la veille.
Il reste un peu plus longtemps que d’habitude. Or, après un certain temps, il me demande s’il peut partir.

-Mais bien sûr Bouba. Pourquoi ?
-C’est que vous avez dit que vous réchaufferiez la sauce.
-Je sais mais…
-Bien, j’ai eu peur que ça vous dépasse.
-Ça va aller Bouba, j’y arriverai. Je pourrai réchauffer la sauce sans toi.
Rassuré, il est parti.

5-
Lors des contrôles pour la carte d’identité nationale dans les autobus ou autre, je n’ai jamais vraiment pu m’identifier, on faisait une halte avec la main droite en me disant : «ça va madame» ou «ça va la mère», «ça va la sœur», etc.

La couleur de ma peau ou mon âge, je n’en sais rien.

6-
Nos différences sont à tous les niveaux.

Un ami se couche sur sa natte pour un roupillon d’après-midi. Au réveil, le 100 fr qui était dans ses poches n’est plus là. Il ne le retrouve plus. Il demande aux enfants présents s’ils ont pris le 100 fr sur le sol, aucun d’entre eux ne répond.
Par la suite, un des enfants présents qui s’est fait questionner raconte l’histoire à sa maman. Prise de colère, elle revient «gronder» mon ami.

Le mot «gronder» est le mot utilisé par mon ami pour expliquer le comportement de sa voisine.

Les tensions montent.

J’arrive au même moment. Je suis là, je les écoute sans comprendre. Tous sont en colère. On parle en patois seulement.

Traduit par mon ami, elle aurait terminé en lui disant : « Mieux qu’il n’arrive rien à mon mari ou mes enfants».

Mon ami ne peut prendre ces accusations. Il est en furie. Il me dit : «elle m’a déjà vu manipuler les médicaments ?». Il dit que ses propos sont «attaquatoirs».
Son problème : si quelque chose arrivait à son mari ou ses enfants, elle pourrait l’accuser de sorcellerie et ce serait «grave» pour utiliser leur expression.

Chaque semaine, à la cour, une journée de procès est réservée aux cas de sorcellerie.

Ses conclusions : il ira voir son mari et si elle ne retire pas ses paroles, il ira voir les policiers. Il est prêt à fournir les 500 Fr nécessaires à la convocation de cette voisine devant les autorités policières.

Il était nerveux. Je n’ai pas aimé le voir ainsi.

La sorcellerie est au cœur de leurs récits. Elle est partie intégrante de leur culture, voire même de leur quotidien.

Que d’histoires j’ai entendues. Et devant tout cela, il faut demeurer muet et surtout, ne rien dire. Tout est trop loin de nos réalités. Il ne sert à rien d’être opiniâtre, nous les blesserions.

Quelques semaines plus tard, je revois cet ami qui m’informe que le mari de la femme a été informé de la situation. Il a parlé à sa dame et depuis, celle-ci n’ose plus passer devant la case de mon ami allant même jusqu’à effectuer un détour incroyable pour se rendre au puits. Maintenant, mon ami peut dormir la tête en paix.

7-
Dans le journal «Nationales», un article s’intitule comme suit : «Pratiques de sorcellerie : Ils voulaient manger leur maître d’école»

«Trois élèves de 10 ans ont décidé de tout révéler de leurs pratiques mystiques…à l’actif de ces derniers, l’assassinat de l’oncle d’un d’entre eux et les tentatives d’assassinat d’une tante de leur maître d’école….Ces enfants révèlent alors comment ils ont attaché leur enseignant et s’apprêtaient à l’immoler lorsque l’un d’eux s’y est opposé. «il nous donnait trop de devoirs en classe…c’est pourquoi ils ont voulu qu’on le tue». Les enfants racontent d’autres faits d’armes. Ils seraient alors responsables de la mort de l’oncle Jean M…Nous l’avons tué et moi je n’ai mangé que les pieds, bien que je convoitais un meilleur morceau…Tous les trois auraient été initiés aux pratiques de sorcellerie par leurs grand-mères…Ils craignent des représailles après avoir décidé de tout révéler.»

Ne faites pas comme moi en croyant qu’ils mangeaient vraiment leur victime. Il s’agit plutôt d’une forme de sorcellerie qui s’exécute à distance, du moins, c’est ce qu’on m’a expliqué.

Une amie qui a eu la chance de «connaître l’autre culture», celle des blancs me disait sans ajouter de commentaire que tout cela dépassait les juges.

Moi aussi ça me dépasse.

8-
Recueilli intégralement dans un livret consacré à la lutte au VIH, le témoignage d’un pasteur :

«Tout d’abord, il faut travailler le mental du malade en lui parlant de Dieu qu’il sache qu’il existe une divinité qui est Dieu et qu’il est capable de le guérir. Et je les conseillerai de prier l’éternel notre Dieu en demandant la guérison sans toutefois arrêter le traitement prescrit par l’hôpital sachant que d’un moment à l’autre Dieu va opérer un miracle dans leur vie. Et une fois le miracle opéré, après vérifications médical qui prouve que la PVVIH* est devenu une personne non infectée c’est-à-dire saine le malade pourra arrêter de prendre les ARV et après, s’il veut, témoigner des bienfaits de Dieu.»

*PVVIH : Personne vivant avec le VIH

Ça aussi ça me dépasse…

9-
Bouba et moi travaillons à préparer un repas pour quatre «étrangers». Ici, on ne parle pas d’invités ou de visiteurs, mais plutôt d’«étrangers».

Dans le contexte, les étrangers sont les amis que nous invitons parce que nous les aimons.

J’aide Bouba qui s’occupe de tout. Il adore cuisiner.

Je coupe le piment rouge avec mes mains nues. Une heure plus tard, les mains me brûlent. J’aurai dû mettre des gants. Je demande à Bouba si le piment leur fait la même chose et il me répond : «Oui mais nous, on supporte».

Je suis presque déçue de ne recevoir aucune compassion de sa part. Je le sermonne en lui mentionnant ma déception. Il se contente de sourire et quand j’insiste, il rit.

À l’arrivée de sa femme et sa belle-sœur, je suis toujours là, à me plaindre de mes mains qui rougissent et qui brûlent. Le tout prend de l’ampleur. On m’offre de l’huile, de l’eau, on m’encourage en me disant que ça passera et…On s’en prend à Bouba.

-Mais pourquoi tu as laissé faire madame Alyne, pourquoi tu l’as laissé couper les piments?

J’ai souri. J’étais contente. Je leur ai raconté que Bouba avait été dur et elles l’ont sermonné très très très fort. À mon tour, je souriais et riais.

10-

Marie-Eve, la femme de mon collègue de travail me rend visite pour la première fois. Elle apporte avec elle un coq vivant qu’elle tient par les pieds. Je place le coq dans ma cuisine en lui demandant si je dois laisser un bol d’eau ou autre. Je crois simplement qu’elle doit se rendre quelque part avec celui-ci.

Elle apporte également un thermos de bouilli qu’elle a préparé. Il s’agit de riz mélangé avec de la farine, du lait, un peu de citron, du sucre et du beurre d’arachide. Tout simplement délicieux.

Mais le coq ? J’apprends que c’est également un cadeau. Le cœur me serre. Je ne sais que dire.

Qu’est-ce que la «nassara» fera de ce cadeau vivant ? Je pense immédiatement à Bouba. Il m’aidera, mais avant…

Je crois qu’elle a lu mon embêtement.

Marie-Ève a une voix douce douce douce. J’ai rarement vu quelqu’un qui dégage autant de douceur.
Elle m’offre d’égorger le c
oq et de l’arranger. J’accepte avec empressement.

Elle me demande de chauffer l’eau. Je chauffe l’eau.

Elle me demande un couteau. Je lui trouve un couteau.

Elle me demande une bassine. Je lui trouve une bassine.

Et puis, elle se dirige dans le coin de la cour. Place son pied gauche sur les deux ailes du coq, empoigne la tête avec la main gauche et de sa main droite, prend le couteau et coupe tout doucement sa gorge. Je me tords de douleur. Le coq ne bouge pas. Il demeure immobile.

Il ne chante plus.

Moi qui avais déjà placé mes mains sur mes oreilles pour ne rien entendre. J’ose regarder. Je vois le sang qui gicle à chaque battement de cœur. Il se vide. Je ne pourrais dire si c’est sans douleur, mais je n’entends rien et ça me donne le courage d’être un peu plus présente à ses côtés.

Elle m’explique qu’ici, les femmes n’égorgent pas. Comment a-t-elle pu apprendre à si bien le faire ?

Je ne lui pose pas de questions, je retiens qu’elle est surement une des rares femmes qui sait égorger.

Une fois ce travail terminé, c’est ensemble que nous avons plumé le coq.

Le soir même, nous mangerons ensemble. Notre coq était délicieux.

Merci Marie-Ève, ce jour-là, j’ai reçu un coq en cadeau, mais le plus beau cadeau, c’est de t’avoir connu.

11-
Un jeune homme d’environ une vingtaine d’années que je connais un peu plus que les autres me disaient : «Madame Alyne, présentez-moi la femme blanche, sortez-moi d’ici, sortez-moi de cette misère. L’Afrique, c’est dur, vous ne savez pas comment c’est dur ».
Comment douter de sa sincérité alors que moi-même, dans la même situation, j’aurais le même discours.

Il est de ceux capables d’analyser et critiquer ce qu’il voit sans se dire : «Dieu en a voulu ainsi» ou «Inch Allah». Il rêve d’une autre vie. Il sait que cette autre vie existe ailleurs.

Il m’a confié vouloir partir sans le dire à sa maman. Il ne veut surtout pas la voir pleurer son départ.

Plusieurs de ses frères sont déjà ailleurs. Ses parents travaillent très fort à garder auprès d’eux ceux qui restent, lui et ses deux jeunes frères.

À cet ami je dis : «Du courage».

12-
Avant mon départ, je donne 10 000 Fr à un ami qui m’a été fort serviable au cours de mon séjour. Or, je lui demande d’aller m’acheter un petit paquet de café, du pain et deux mangues, il travaille tout près du marché et je sais que je le reverrai le soir même. Au plus, ça lui coutera 2000 Fr et je lui dis qu’il pourra conserver le reliquat, un cadeau que je lui offre.

Il revient, il a acheté le plus gros paquet de café, une douzaine de pains alors que je suis à cinq jours de mon départ et que je mange la moitié d’un pain par matin, des concombres pour une armée, 6 mangues, deux melons et du beurre d’arachides pour deux semaines.

-Mais…qu’est-ce qu’il te reste alors ?

-Environ 1500 Fr.

-Mais je t’ai dit que le reste était pour toi, je ne t’ai pas demandé d’acheter autant, je voulais te faire un cadeau.

-Vous partagerez si y’en a trop, y’a Bouba, y’a Sylvie, ça se mangera.
-Je sais, mais, je voulais te faire un cadeau…Tu n’avais pas compris…

-Non, il faut manger, il faut partager…

J’ai arrêté de le chicaner. Peu importe ce que je lui donnerai, il le partagera toujours.

La dernière fois que je lui ai donné un petit montant, il est allé l’offrir à sa maman.

Aussitôt en poche, aussitôt distribué.

Ce type gagne peut-être 30 000 Fr par mois. Pour vous donner une idée de grandeur, VSO me donne 200 000 fr et je n’ai pas de loyer à payer.

Il m’expliquait qu’il avait de la difficulté à voir un frère dans la misère. Que spontanément, il donnait et que parfois, parce qu’il n’avait plus rien, il angoissait et se disait qu’il devrait peut-être se réserver quelques sous afin d’éviter ces moments d’anxiété.

Cette fois-ci, c’est avec moi qu’il a voulu partager son cadeau.

13-
Dans mon bureau, une vingtaine de sacs de mil. L’un d’entre eux laisse échapper quelques grains de mil sur le sol.

Une jeune adolescente me rendant visite me dit :

-Ça me fait mal de voir ça.

Elle continue en partageant la pauvreté dans laquelle vit sa famille.

Orpheline de père depuis six ans, sa mère assure à elle seule la survie de ses six enfants. Elle me raconte que son plus jeune frère s’endort souvent en pleurant parce qu’il a faim.

Une phrase retenue ou plutôt une conclusion qui m’a été difficile d’entendre .
-On souffre quand on est orphelin.

Ce jour-là, elle a pleuré, devant moi, comme ça. Quelques semaines plus tard, elle a fait une tentative de suicide. J’en ai été informée. Je suis allé lui glisser 10 000 Fr pour le paiement des médicaments. Lors de ma visite, elle était alitée. C’était le lendemain de sa détresse. Elle souffrait encore beaucoup. Sa mère l’avait fait vomir alors qu’il aurait fallu procéder autrement. Son oesophage était irrité.

Ici, pas de psychiatre, pas de psychologues, pas de travailleurs sociaux, pas d’organismes communautaires, que les amis, environ une dizaine qui entourait sa natte où elle s’était assoupie, dehors, sous l’arbre, situé au milieu de sa cour. Elle vit dans la brousse, trois huttes pour abriter sa mère et ses six enfants.
À ce décor s’ajoute «la blanche», qui a fait ce qu’elle pouvait faire : apporter un peu d’argent pour les médicaments.

Et cet argent associé au blanc...Rien pour défaire cette pensée populaire qui veut que le blanc ait de l’argent.

Mais cet argent servira-t-il vraiment à payer les médicaments ou choisira-t-on d’acheter un peu de mil pour la famille ?

Elle a 14 ans, peut-être aura-t-elle le goût de s’acheter une robe, un chandail, des greffes pour allonger ses cheveux ou encore, un savon parfumé ?

Honnêtement, je m’en contrefiche…Qu’elle fasse ce qu’elle veut de ce billet…Qu’elle se fasse plaisir, mais je sais une chose, elle le partagera avec sa sœur jumelle, elles sont toujours ensemble.

Leur vie, parfois simple, parfois compliquée…Mais plus souvent compliquée… Pour trop de raisons…

Un ami africain m’écrivait récemment ceci :

…l'Afrique confrontée à plusieurs défis, reste, néanmoins, un exemple par excellence, de solidarité, de partage et d'amour, même si ses habitants sont pauvres…

La vie en Afrique.
Encore faut-il vouloir en voir les différences.

Personnellement, autant que faire se peut, j’ai été avec eux…Au fil des rencontres et des situations, j’ai côtoyé, j’ai partagé, j’ai apprécié et j’ai été dérangée.
Inutile d’en ajouter. Les dérangements sont personnels à chacun alors…J’espère que par moment, tout au long de ces blogues offerts, j’ai su vous déranger…

De cette chaleur décrite à mes ennuis profonds, du «Petit Jos mon héros» aux hippopotames du Logone, d’Oscar le Lézard à la folie et la sorcellerie et de mes voyages en autobus à mon plexus solaire…J’ai aimé ces rencontres hebdomadaires ou le défi de vous faire découvrir le Cameroun devenait mon leitmotiv.

Je dois continuer… Pas le choix…Parce que les Camerounais ne cessent de me toucher…Nous en sommes à quatorze à la douzaine…

14-
Sur la route entre Maroua et Yagoua, entre deux villages, un pont en construction, des ouvriers qui s’affairent et un itinérant.

On me dit qu’il est là chaque jour. Il erre. On le voit se promener et nous regarder passer. Il a été là chaque fois que je suis passé par là.

Maintenant, ce qui motive le numéro 14…

Ce matin, je prends l’autobus entre Maroua et Yagoua. Avant le départ, j’achète cinq œufs à la coque et partage le tout avec mes voisines et voisins. La voisine à ma gauche ne cesse de me dire merci. Elle parle en patois à sa voisine, lui montre l’œuf et j’entends : 500 fr, le prix que j’ai payé pour les œufs partagés. Elle termine avec un air d’étonnement et ses derniers mots sont : 500 fr.

Je suis touché par autant d’appréciation. J’en suis même mal à l’aise.

Un peu plus loin, tout au cours du trajet, elle ouvrira son sac qui contient 6 pains frais et m’en offrira un. Je lui en prends la moitié d’un pour être polie. Elle en prend un et referme son sac en l’attachant fermement.

Une fois arrivée au pont décrit ci-haut, elle dit à voix haute : «Bouba». Le type assis à l’avant de l’autobus se retourne et elle lui envoie le sac de pains. Je conclus qu’elle veut partager son pain avec son ami Bouba.

Eh non…

Bouba ouvre la fenêtre et lance le sac noir à l’itinérant. Celui-ci se penche et ramasse son butin, sourire aux lèvres.

Je lui fais part de sa générosité, je lui dis que je trouve ça trop trop trop beau, je lui demande si tout était planifié, je la félicite et en même temps, je la sermonne en lui disant qu’il fallait me dire, que j’aurais ajouté quelques œufs.
Je lui dis que c’est la première fois que je vois quelqu’un poser ce geste, je lui dis qu’elle a un grand cœur, un très très très grand cœur.

Toutes ces observations sont entrecoupées par mon regard soutenu sur son visage. J’insiste. Je veux voir à quoi ressemble quelqu’un qui planifie autant de générosité, de bonté. Elle me touche beaucoup. Je la revois apprécier l’œuf que je lui offre alors qu’elle-même était en train de préparer quelque chose de plus grandiose.

Mon regard contemplatif et mes mots lui font baisser les yeux et sourire. Elle va même jusqu’à rire quand elle constate mon insistance à lui dire et redire.
Elle me dit qu’il est ici depuis trois ans. Toujours au même endroit et dans les mêmes habits.

Je lui dis que samedi, lorsque je reviendrai vers Maroua, je préparerai un sac pour lui.

Elle me dit que ce sera bien.

Qu’en pensez-vous…Croyez-vous que cette histoire valait la peine d’être ajoutée?

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